On avait tendance à croire que c’est seulement les femmes qui pratiquent la dépigmentation de leur peau afin, dit-on, d’attirer, de séduire plus les hommes. Mais aujourd’hui, le constat révèle l’inverse, c’est-à-dire que les messieurs se lancent aussi dans cette pratique courante, bien que dangereuse.
Blanchir sa peau est une pratique qui s’insère dans notre société, malgré les nombreuses conséquences qu’elle engendre. Le temps de la stigmatisation semble révolu et les hommes brillent sur une vague déferlante faisant des émules sur leurs passages.
Alhassane Sylla, propriétaire d’une boutique de produits cosmétiques, affiche son admiration pour les produits éclaircissants : « j’ai commencé à me dépigmenter la peau il y’a de cela 4 ans et jusqu’à maintenant, je continue à le faire.
J’ai fait le choix de me dépigmenter, car j’étais très noir et mes amis se moquaient de moi. Je ne le regrette pas et je continuerais à le faire, car elle m’a permis de m’affirmer et de vaincre mes craintes. Je suis propriétaire d’une boutique de vente des produits cosmétiques, il faut que les clients me trouvent attirant avec une peau éblouissante », soutient-il.
De son côté, Mamadi Condé, un jeune étudiant, qui se aussi prête à cet exercice, dit avoir vécu des conséquences négatives de la pratique de la dépigmentation.
« Je voulais juste attirer un peu de regard sur moi dans mon université. Être plus séduisant aux yeux des gens. Après 15 à 20 jours de dépigmentation, j’ai eu vite le teint que je voulais, un teint qui suscitait l’admiration.
Quelque jour plus tard, après que les gens appréciaient mon teint c’est là que le calvaire a commencé, ma peau commençait à prendre différentes couleurs. J’étais dans l’embarras. Ma peau se transformait de jour en jour sous l’effet des produits éclaircissants », explique Mamadi Conde qui s’est retrouvé dans un cercle vicieux « je dois admettre qu’une fois qu’on commence à utiliser ces produits, on peut plus arrêter au risque de ne pas avoir un teint dégoutant », poursuit-il.
Thierno Ismaila Diallo, activiste qui ne voit pas d’un bon œil la pratique de la dépigmentation, affirme que les conséquences de ce fléau sont incalculables, surtout si le produit contient de l’hydroquinone. Il estime que la dépigmentation « est une pratique très mauvaise pour la santé de l’Homme, car elle peut causer l’hypertension, le cancer de la peau, des vergetures, de l’acné ou le diabète. »
Pour sa part, Saliou Diallo laisse entendre que les conséquences de cette pratique sont énormes et sont à l’origine de plusieurs maladies et infections « c’est une pratique dangereuse pratiquée par hommes et femmes avec des conséquences néfastes sur la santé, cette pratique qui tend à être indispensable aux yeux des personnes qui l’utilisent juste dans le but de changer la couleur de leur peau. »
Poursuivant, il estime que l’heure n’est plus à la sensibilisation, mais de préférence il faut interdire la vente des produits qui permettent de changer la couleur de la peau et à côté de l’interdiction il faut prévoir des sanctions : « nous sommes plus à une phase où la sensibilisation n’a plus assez d’influence sur les utilisateurs. La solution est l’interdiction de ventes et distributions de ces produits et instaurer des sanctions pour le non-respect.»
Mamadi Sangaré dermatologue dans une clinique de Conakry, déconseille les pratiquants de la dépigmentation en ces termes : « en tant que spécialiste, je déconseille la dépigmentation de la peau que ça soit chez les hommes ou les femmes. Avant de se changer la couleur de peau, prendre une crème éclaircissant ou injections, vous devez passer chez un dermatologue, il est le mieux placé pour vous donner la meilleure recette. La dépigmentation ne cause que de grave tort non seulement pour la personne qui la pratique, mais elle ouvre également la voie à toutes sortes de maladies. Éviter d’utiliser les tubes ou piqûres non prescrits par un dermatologue. »
Djenabou sow