Plus rien ne va au Niger depuis le coup de Jarnac du général Aboudrahmane Tchiani , porté au pays.
Ce jeudi, 25 août, dans la journée, des éleveurs peuls, venus à Niamey, écouler leur bétail sur le marché, parce qu’ils ont été assimilés à des terroristes, dans un dangereux amalgame, ont échappé de peu, à un lynchage populaire : délit de faciès .
La scène, inimaginable avant que le mandat du Président Mohamed Bazoum ne soit interrompu, a profondément ému et indigné l’opinion, surtout, constitue , un danger pour l’unité nationale et la cohésion sociale , jalousement, sauvegardées
Le Président Bazoum, de là où il se trouve , dans sa nouvelle vie d’otage et d’homme séquestré , a , sans doute , mal au Niger, dont il assiste à la mise à mort, implacable. Il avait réussi à établir un dialogue direct et franc avec tous les chefs de tribus, notammentpeuls afin d’empêcher que leurs proches et familles ne soient enrôlés dans les mouvements terroristes. Mieux, ceux qui s’étaient laissés embarquer et séduire, s’étaient rétractés, librement, parce que la démarche du Président leur avait redonné confiance en eux et foi dans leur pays.
Aujourd’hui, avec la stigmatisation qui a commencé de la communauté peule et la fathwa lancée contre elle, elle, pourrait, en désespoir de cause et pour assurer sa vie , recourir à la violence et vengeance aveugles auprès des groupes armés, présents sur tout le territoire. C’est ainsi que le Mali et le Burkina ont basculé dans les conflits inter-communautaires et se sont englués davantage dans la crise sécuritaire. La guerre civile est un risque qui continue de peser sur les deux Etats qui, chacun, pratique la discrimination raciale, à ciel ouvert. Le Niger , où toutes les communautés avant le coup d’Etat malfaisant en cours , étaient animés du sentiment d’appartenance nationale, à son tour, est tenté de réveiller les vieux démons de la partition du pays et des antagonismes communautaires, un terreau fertile pour les sympathies avec les hordes terroristes.
Les frustrations, les rancœurs, les discriminations, sapent la paix sociale et ébranlent les institutions de la République, en clair, font le lit des mouvements radicaux et profitent aux seigneurs de guerre.
Chaque jour qui passe avec la junte militaire, calfeutrée dans le palais présidentiel qu’elle occupe de force et en toute impunité, pour l’instant un pan des acquis inestimables du Niger est mis à rude épreuve, les Nigériens pleurent leur triste sort désormais. Jusqu’à quand laissera-t-on faire l’horreur et l’ignominie , le seuil de tolérance, largement , dépassé ?
Samir Moussa
Niamey, Niger