Kassawol est le nom de ce marigot tant convoité à Labé, dans la partie nord-ouest de la Guinée. Là-bas, autorités locales et populations à la base n’ont qu’un seul rêve : l’aménagement de l’endroit pour en faire un site touristique afin de créer des emplois. Par ailleurs, ce marigot traine une réputation mystérieuse. Il engloutit des vies humaines, généralement celles des étrangers. Fetô Kassa, un endroit à la fois, attirant et effrayant.
A Popodara, localité située à 18km de la ville de Labé, sur la route nationale Labé – Koundara menant jusqu’au Sénégal, se trouve le marigot Kassawol sur le site Fetô Kassa, dans le village de Ndiarédi. Dans un couloir rocheux, qui apparait comme un affluent, coule de l’eau qui se déverse dans une mare. Sur place, le visiteur est conquis par le vent frais et la belle nature qu’offre l’endroit. Le bruit de l’eau résonne au milieu d’un paysage écologique. Forcément l’envie de faire un plongeon s’empare de tout visiteur. C’est l’erreur à ne pas commettre : les anciens en savent beaucoup.
« Vous voyez ce marigot, des vaches de différentes couleurs, y sortaient pour aller avec les nôtres brouter ensemble de l’autre côté de la rive. Au retour, les vaches du marigot, une dizaine, chacune fonce vers sa grotte, puis on ne les voit plus. A notre enfance, on ne s’amusait pas ici. Nos parents ne l’acceptaient pas », informe Saantenin Diallo, ancien du village.
Tout un mystère ! Décidément, les maitres du lieu n’aiment pas le désordre au cœur de leur territoire si petit mais si dangereux. Ce, depuis la nuit des temps. « On venait faire la pêche nuitamment ici, jusqu’à 1h voire 3h du matin. Mais dans le calme absolu, sans prononcer un seul mot ou faire quoi que ce soit outre l’objectif pour lequel on est venu, puis on rentre tranquillement sans être inquiétés ».
Aujourd’hui, avec la nouvelle génération, beaucoup moins à l’écoute des anciens, plusieurs jeunes nagent dans cette rivière. Des excursions qui se sont avérées fatales y ont été régulièrement organisées. Dernier en cas en date, la mort par noyade d’un ressortissant de Nzérékoré en novembre 2023. Ce qui est loin de surprendre notre interlocuteur. « Lorsqu’ils ont (visiteurs) ont commencé à venir blaguer ici, les sages nous ont mandatés pour que nous leur disions de se divertir mais d’éviter d’aller dans la marre. De se limiter en amont de la rivière, que tu sois venu pour faire la lessive, te laver ou te divertir. On ne peut pas dire que la jeunesse ne doit pas se divertir mais il faut absolument éviter la marre, au cas contraire, les conséquences seront toujours fatales ».
Face à la répétition des cas de morts par noyade, les autorités locales ont interdit l’accès au site. Elles sont à la recherche des financements pour valoriser l’endroit dans le but de reprendre les activités touristiques aux alentours de la rivière uniquement. Pour cela, un périmètre de sécurité sera établi pour préserver les vies humaines, empêchant ainsi, tout accès à l’eau.
« Au moment d’élaborer le budget participatif de la municipalité, afin d’assortir le PAI (Plan Annuel d’Investissement), nous avons proposé de valoriser le site de Kassa. Pour le moment, l’accès est interdit, donc ça ne travaille pas mais ce qui a occasionné cela est gênant pour nous », déplore Elhadj Karamba Salimou Diallo, Chef de district de Sombily d’où relève le secteur Ndiarédi avant de vanter le mérite de valoriser le site. « C’est un site qui pourrait être rentable pour la communauté. Voilà pourquoi nous sollicitons un appui technique et financier pour qu’on puisse aménager et valoriser l’endroit au bénéfice du développement de notre localité ».
Pour y parvenir, les citoyens de la sous-préfecture de Popodara ressortissants et résidents, sont appelés à la rescousse pour appuyer les efforts des autorités municipales.
AOD