La Guinée est à un tournant politique décisif. Le gouvernement militaire dirigé par Mamady Doumbouya n’a pas encore tenu ses promesses d’organiser des élections libres et de transférer le pouvoir à un gouvernement civil. De plus, son entourage a exprimé son intention de se présenter comme candidat aux prochaines élections. Face à cette situation, il est impératif que les leaders politiques, la société civile et la population adoptent une stratégie claire pour sortir de l’impasse actuelle et restaurer la démocratie. Voici une proposition en trois étapes pour atteindre cet objectif.
1. Former un Front Uni avec des Incitations Claires
Les leaders politiques et la société civile doivent rapidement constituer une coalition solide pour engager un dialogue direct avec Mamady Doumbouya et son équipe. L’objectif est double : proposer des incitations positives pour qu’ils quittent le pouvoir pacifiquement et définir des conséquences claires en cas de refus.
Incitations positives
- Garanties de sécurité personnelle : Assurer à Doumbouya et à son entourage une protection contre d’éventuelles représailles.
- Assurances sur l’avenir : Offrir des opportunités de transition vers des rôles non politiques ou honorifiques.
- Possibilité d’amnistie : Envisager une amnistie sous conditions pour encourager un départ pacifique.
Conséquences en cas de refus
- Sanctions internationales : Imposer des restrictions sur leurs déplacements, finances, ainsi que celles de leurs familles, et sur leurs relations diplomatiques.
- Isolement diplomatique : Réduire leur reconnaissance internationale, entraînant une perte de soutien crucial pour eux et leurs proches.
- Poursuites légales potentielles : Risquer des poursuites pour violations des droits humains ou autres infractions, ce qui pourrait également affecter leurs familles.
Le message doit être clair ; il est dans l’intérêt de Doumbouya, de son entourage et de leurs familles de respecter leurs engagements et de quitter le pouvoir de manière pacifique. Si cette approche échoue, il faudra passer à l’étape suivante.
2. Former une Alliance Électorale pour Défaire Doumbouya
Si Doumbouya choisit de se présenter aux élections, la société civile et les leaders politiques doivent s’unir autour d’un candidat unique pour le défier efficacement. Un manque d’unité affaiblirait la capacité de l’opposition à offrir une alternative crédible.
Actions nécessaires
- Créer un front uni : Les partis d’opposition doivent surmonter leurs divergences et soutenir un candidat unique capable de rassembler la nation. Tous les grands partis politiques ainsi que la société civile doivent se réunir pour former un bloc solide et uni, afin de présenter une alternative crédible et puissante capable de défier efficacement Mamady Doumbouya.
- Mobiliser le peuple : Mener une campagne de proximité pour expliquer aux citoyens pourquoi il est essentiel de tenir Doumbouya responsable de ses promesses non tenues et pourquoi voter pour un candidat de la coalition est la meilleure option pour la stabilité et la prospérité de la Guinée. Il est également important de rappeler aux Guinéens que Mamady Doumbouya n’est pas plus « guinéen » que Dadis Camara. Ce dernier a tenté de s’accrocher au pouvoir de manière similaire, mais le peuple guinéen lui a clairement dit non. Il est temps que Doumbouya suive le même chemin et que le peuple fasse de même avec lui.
- Assurer l’intégrité des élections : Il est essentiel que, si Doumbouya perd, il soit contraint de reconnaître la victoire du candidat élu par le peuple. Il faut surveiller de près le processus électoral pour prévenir la fraude et garantir que chaque vote soit compté, et que le vainqueur soit légitimement déclaré président.
Un boycott ou une division de l’opposition légitimerait le régime de Doumbouya et diviserait les voix, réduisant ainsi les chances de succès. Une unité totale est la clé pour relever ce défi électoral.
3. Maintenir la Responsabilité de Doumbouya en Dernier Recours
Si malgré tous les efforts, Doumbouya reste au pouvoir, il est essentiel que les leaders politiques, la société civile et la population ne se désengagent pas. Laisser son gouvernement sans opposition renforcerait un régime autoritaire.
Mesures à prendre
- Exiger un partage du pouvoir : Intégrer des membres compétents de l’opposition et de la société civile dans le gouvernement pour surveiller les décisions et défendre les intérêts du peuple.
- Proposer des réformes : Pousser en continu pour des réformes démocratiques et économiques essentielles au développement du pays.
- Maintenir l’engagement citoyen : La société civile doit rester active pour prévenir la corruption et assurer une surveillance constante du gouvernement.
Se désengager renforcerait un cercle restreint et corrompu au pouvoir, ce qui mènerait à une gouvernance inefficace, à la dictature et à la répression des libertés civiles. Il est donc crucial de maintenir une pression constante, même si Doumbouya reste en poste.
Conclusion
La Guinée ne peut plus se permettre d’attendre. Le chemin vers la stabilité et la démocratie repose sur des actions immédiates et stratégiques. La priorité est de convaincre Mamady Doumbouya de quitter le pouvoir pacifiquement. Si cette étape échoue, une alliance électorale solide est indispensable pour empêcher Doumbouya de consolider son pouvoir à travers les urnes. En dernier recours, la société civile et l’opposition doivent rester engagées pour s’assurer que Doumbouya ne gouverne pas sans contrepoids. L’avenir démocratique de la Guinée repose sur la capacité de ses acteurs à travailler ensemble avec détermination et clarté.
Abdourahmane Diallo
Scholar guinéen-américain
Spécialisé en géopolitique et en conception de scénarios macroéconomiques
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