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Ousmane Gaoual Diallo répond à Thierno Monénembo : entre critique et responsabilité

Dans une tribune au ton virulent, l’écrivain guinéen Thierno Monénembo a livré un réquisitoire sévère contre l’élite intellectuelle et politique de son pays. Il dénonce une classe dirigeante qu’il juge responsable des échecs successifs de la Guinée, l’accusant d’avoir trahi les espoirs du peuple. Dans un texte où il n’épargne personne, Monénembo s’en prend à ceux qu’il qualifie de « vermine », dénonçant leur « lâcheté », leur « opportunisme » et leur silence face aux dérives du pouvoir.

Cette tribune a suscité de nombreuses réactions, notamment celle d’Ousmane Gaoual Diallo, ministre et porte-parole du gouvernement, qui a choisi de répondre à l’écrivain par une analyse plus nuancée. Dans un texte publié en réaction, il invite à une réflexion plus large sur les mutations en cours en Guinée et sur le rôle que doit jouer l’intelligentsia dans l’édification d’une nation.

Une vision critique, mais trop catégorique ?

Dans sa tribune, Thierno Monénembo ne mâche pas ses mots. Il dresse un tableau sombre de la situation guinéenne et fustige une élite qui, selon lui, aurait abdiqué face aux défis du pays. Il critique notamment l’absence d’engagement de ceux qui devraient éclairer la société, les accusant d’être plus soucieux de préserver leurs intérêts que de défendre les valeurs de justice et de démocratie. Pour l’écrivain, l’échec de la Guinée ne se résume pas seulement aux dirigeants successifs, mais aussi à ceux qui, par leur silence ou leur complicité, auraient cautionné les dérives du pouvoir.

Si cette charge a trouvé un écho chez certains observateurs, elle a également suscité des réserves. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une vision trop radicale, qui tend à réduire l’histoire politique du pays à une série d’échecs imputables exclusivement à une classe sociale. Parmi elles, Ousmane Gaoual Diallo, qui, sans réfuter le besoin de critique, appelle à une lecture plus mesurée et constructive.

Le plaidoyer d’Ousmane Gaoual Diallo pour un débat constructif

Dans sa réponse, le ministre porte-parole du gouvernement reconnaît le rôle fondamental de l’intelligentsia dans toute société. Il souligne que la critique est une nécessité pour avancer, mais met en garde contre les discours qui, à force d’être trop tranchés, risquent de nourrir une forme de nihilisme politique.

« La Guinée n’est pas un bloc figé dans ses blessures. Il connaît aussi aujourd’hui les lignes de rupture, de dialogue, de réinvention», écrit-il, soulignant ainsi que le pays est en mutation et qu’il serait injuste de nier les efforts entrepris.

Plutôt que de se limiter à un réquisitoire sans appel, Ousmane Gaoual Diallo invite à une approche plus équilibrée. Il interroge : « Comment faire avancer, sans mépriser ? Comment critiquer, sans réduire ? » Une manière de rappeler que si la critique est légitime, elle ne doit pas se transformer en rejet systématique ni en procès généralisé de toute une génération d’acteurs politiques et intellectuels.

Il appelle également à reconnaître les avancées réalisées malgré les défis. Selon lui, la Guinée, comme toute nation en construction, traverse des périodes de crise et d’évolution, mais il est essentiel de ne pas occulter les dynamiques positives.

Un débat révélateur des tensions politiques et intellectuelles

L’échange entre Thierno Monénembo et Ousmane Gaoual Diallo illustre une ligne de fracture bien réelle dans le paysage politique et intellectuel guinéen. D’un côté, une frange critique qui estime que les élites ont failli et que seule une dénonciation radicale peut provoquer un sursaut. De l’autre, ceux qui, sans nier les difficultés, considèrent que la transformation passe par un engagement constructif plutôt que par une condamnation sans appel.

Ce débat reflète aussi une interrogation plus large sur le rôle des intellectuels dans la société guinéenne. Doivent-ils se limiter à dénoncer ou doivent-ils aussi proposer et accompagner le changement ? Faut-il privilégier une critique sans concession, au risque d’alimenter le pessimisme, ou plutôt adopter une posture plus pragmatique qui reconnaît les imperfections tout en cherchant des solutions ?

Au-delà de la polémique, la question de l’avenir

Au-delà de cette controverse, les échanges entre l’écrivain et le ministre révèlent un enjeu de fond : comment penser l’avenir de la Guinée ? Si Thierno Monénembo insiste sur la nécessité d’une rupture avec les pratiques du passé, Ousmane Gaoual Diallo plaide pour une évolution progressive, fondée sur le dialogue et la participation de tous les acteurs.

Ce débat, aussi vif soit-il, témoigne d’une chose essentielle : la Guinée est à un tournant, et les intellectuels, tout comme les politiques, ont un rôle à jouer dans la construction de son avenir. Reste à savoir quelle approche prévaudra dans les années à venir.

AOD

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