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Guinée : Quelles stratégies pour les forces vives face au CNRD?

CONAKRY-Alors que la trêve annoncée de leurs manifestations prend fin dans deux semaines, les forces vives font face à un défi majeur. Quelles stratégies adopter dans un contexte d’interdiction des marches couplée à une réquisition de l’armée dans le maintien d’ordre ? La question vaut tout son pesant d’or. Car les derniers appels à manifester n’ont pas produit l’effet escompter. Ces mots d’ordre ont été tout simplement étouffés dans l’œuf par les forces de l’ordre (police-gendarmerie) appuyées par des militaires déployés dans les rues de Conakry avec des moyens lourds. En plus de ce dernier développement, il faut dire que la coalition contestatrice a du mal à fédérer tout le monde et partout. Ses appels à manifester sont suivis dans une partie de la capitale. L’autre handicap majeur, c’est le fait que les entités membres des forces vives ne poursuivent pas le même objectif.

Les forces vives se sont alliées à Alpha Condé, qui a clairement dit que lui, il veut chasser les autorités de la transition pour revenir au pouvoir. Lors des manifestations des femmes de son parti, elles ont montré les pancartes sur lesquelles il était clairement dit que la volonté était le retour d’Alpha Condé. Donc si les forces vives sont dans une telle entité où les objectifs ne sont pas les mêmes, cela amène à voir un impact négatif sur les combats qu’elles sont en train de mener. Soit, elles veulent le dialogue, elles peuvent insister sur cela, ce principe est bon ; soit elles veulent chasser les autorités de la transition. Elles doivent dire ce qu’elles veulent« , indique Ibrahima Sanoh, analyste sociopolitique.

A date, les autorités de la transition déroulent tranquillement l’agenda de la transition même en l’absence des forces vives. Le CNT vient de boucler un débat crucial lié à l’élaboration de la nouvelle constitution, le Gouvernement quant à lui travaille avec les partenaires pour le respect du chronogramme. Il se dit d’ailleurs en avance par rapport aux prévisions.

Face au chapelet de revendications des forces vives, la junte a fléchi sur deux points. A savoir la libération des leaders du FNDC et la levée des contrôles judiciaires pesant sur certains acteurs politiques. Ce après une médiation âprement menée par les religieux. Selon l’analyste, les leaders religieux ont fait de leur mieux.

D’ailleurs, ces derniers comptent profiter de cette période de suspension des manifestations, pour faire bouger les lignes. Selon Monseigneur Jacques Boston, porte-parole des prélats, des rencontres sont prévues entre le premier imam de la mosquée Fayçal, Elhadj Mamadou Saliou Camara, l’archevêque de Conakry, Monseigneur Vincent Koulibaly, le Secrétaire général des Affaires religieuses, Elhadj Karamo Diawara. Il s’agira d’échanger autour de la relance du dialogue entre eux et les acteurs sociopolitiques. Mais faut-il nécessairement reprendre le cadre de dialogue ? M. Sanoh reste prudent. Pour lui, le canevas exigé par les forces vives ne tient pas la route. Car l’actuel médiateur de cette institution dans la crise guinéenne a montré ses limites.

« Il faut appeler à un cadre de dialogue, d’accord. Mais les forces vives ont voulu que ce soit par l’intermédiaire de la Cédéao. Je suis désolé de le dire, mais le médiateur de la Cédéao ne s’est pas assumé dans cette affaire. Parce qu’au début, il était dit dans les accords avec l’institution régionale, que le médiateur de la Cédéao allait s’engager, c’est la dernière résolution, à impliquer les parties prenantes guinéennes pour une application inclusive de la transition. Il ne l’a pas fait. Je crois que dans cette partie, la Cédéao aussi a péché.

Donc l’alternative actuelle c’est de demander à ce que la Cédéao donne un autre médiateur, peut-être qui ne sera pas consensuel mais qui a plus de personnalités. Dr Yayi Boni malheureusement n’en a pas. Si cette affaire a conduit à tout ça, parce que de son côté, il n’a pas voulu assumer sa responsabilité. Il faut également renoncer à l’idée consistant à dire qu’il faut que le dialogue se tienne ailleurs. Il peut se tenir en Guinée avec la participation de la Cédéao. Sinon on risque de perdre le temps… », soutient Ibrahima Sanoh.

Stratégies

Alors que les manifestations semblent montrer leurs limites, des voix s’élèvent pour demander un changement de stratégie. Au sein des forces vives, certains se demandent comment changer de stratégies.

« Celui qui nous propose vraiment une stratégie, si elle est fiable, on discute avec la personne et on accepte. Nous sommes demandeurs de stratégies. Tout le monde dit ‘’Ah, ils sortent dans la rue, on tue les enfants des autres…ceux qui disent ça, sont ceux qui étaient avec nous hier dans la rue. Personne n’est dupe maintenant… », a rétorqué une figure politique membre des forces vives de Guinée.

 

Source Africaguinee.com 

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