La thèse de l’enlèvement ‘’crapuleux’’ ne peut être crédible. En tout cas, on peut difficilement y croire au regard des témoignages de ceux qui ont vécu la scène de l’arrestation musclée de Foniké et Billo.
Dans les enlèvements que l’on peut qualifier de crapuleux, les ravisseurs prennent contact avec les familles des personnes enlevées, une fois leur forfait accompli, pour demander quelque chose, de l’argent par exemple. On n’en a vécu des exemples dans notre pays. Et c’était d’ailleurs un phénomène tout nouveau auquel les Guinéens n’étaient pas habitués, une toute nouvelle forme du grand banditisme.
Dans d’autres cas, l’enlèvement est une sorte d’arme de combat, un moyen de pression.
On a souvent vu des mouvements rebelles, des groupes terroristes ou déclarés tels enlever des ressortissants de pays dont ils combattent le pouvoir.
Mais quel que soit le motif des enlèvements, les ravisseurs finissent toujours par se faire connaître en revendiquant leur acte et en indiquant leurs exigences, par exemple, la libération de membres de leurs mouvements ou groupes détenus contre la mise en liberté de personnes enlevées.
Que les ‘’ravisseurs’’ n’aient pris aucun contact avec les familles ou proches des victimes plus de dix jours après leur enlèvement, cela bat en brèche l’hypothèse de l’enlèvement ‘’crapuleux’’.
Lorsque nos services de police judiciaire, sous la direction des parquets, ont à l’idée de mener des ‘’enquêtes minutieuses et complètes’’, ils savent vraiment s’y prendre et sont d’une compétence redoutable.
Nous avons d’excellents enquêteurs. Qu’ils commencent déjà à entendre les témoins de l’interpellation, tout en les protégeant d’ailleurs sur le fondement de la loi sur la protection des témoins ; qu’ils retracent l’itinéraire suivi par les auteurs de l’interpellation. Ils finiront par obtenir des renseignements utiles de nature à faire progresser leurs enquêtes, si enquêtes il y a bien évidemment. Si ce n’est pas de la poudre aux yeux.
Mohamed TRAORE