Ce jeudi 18 juillet, au cours de la session de présentation, d’échanges et d’amélioration du rapport provisoire des données collectées lors de l’évaluation des formations politiques, le ministre Ibrahima Kalil Condé a dénoncé le mode de création des partis politiques en Guinée.
Réagissant à la sortie médiatique du patron du département de l’administration du territoire et de la décentralisation, le président de l’Union démocratique pour le renouveau et le progrès (UDRP), Édouard Zoutomou Kpoghomou, assure que ‘’le général Ibrahima Kalil Condé est très en retard par rapport à un monde très avancé. L’évaluation des partis politiques a été une procédure très incohérente. Quand les missionnaires sont passés dans les sièges des partis politiques, c’est sur la base d’un questionnaire. Mais les réponses qui ont été données ne figurent nulle part dans les résultats présentés aux partis politiques. Et je trouve ça très regrettable pour un département qui a en charge la gestion des partis politiques’’.
Avant de poursuivre : ‘’On nous dit que notre agrément n’est pas valide, on ne sait même pas pour quelles raisons. Pourtant, tous les documents demandés ont été présentés. Mais on dit que l’agrément n’est pas valide. Pourtant, il a été signé par un ministre en 2009. Les textes, que ce soit les statuts, le PV de création, la liste des membres fondateurs, tout a été déposé. Je suis sidéré’’.
Opération pour favoriser le glissement de la transition ?
Pour Édouard Zotomou, l’évaluation des partis politiques vise à prolonger la transition. ‘’Le ministère de l’administration du territoire est en train d’être utilisé justement pour pouvoir prolonger inutilement une transition qui n’a plus droit d’exister. Il est mis à profit pour museler les efforts des organisations de la société civile et politiques’’, déplore-t-il.
‘’Nous ne sommes pas le seul parti. Il y a près de 100 partis politiques. Je n’étais pas là, j’ai envoyé le secrétaire administratif. La procédure est mal préparée parce qu’elle n’a pas tenu compte de tous les paramètres. Il y a beaucoup de dessous qu’on ne peut mettre sur la place publique. Plus de 100 partis politiques ont fait la même revendication. J’ai suivi hier la réaction du parti MODEL. Les annotations étaient contraires au questionnaire posé, même les documents envoyés qu’ils nous ont envoyés ne figurent pas le rapport’’.
‘’Nous, nous sommes en règle. Du siège jusqu’au mode de fonctionnement et de financement, tout est en règle. Eux, ils ont la responsabilité de subventionner les partis politiques, mais personne n’en parle’’, ajoute-t-il.
Des partis en règle dans le viseur de la junte ?
Pour le vice-président de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie, ‘’nous nous plions à chaque fois qu’on demande une évaluation, nous sommes prêts à y aller. Sinon, c’est la deuxième fois en moins de 12 mois qu’on évalue les formations politiques. Nous nous sommes même présentés plus de trois fois au département pour leur dire que lors de la première évaluation, ils n’ont pas rendu visite à toutes les formations politiques. Tout ça, c’est pour ne pas être surpris. Comme nous voyons comment les choses marchent, nous avons préféré prendre les devants. On leur a fourni tous les documents. Mais il y a quelque chose d’autre qu’on ne veut pas dire’’.
Des partis à caractère ethnique ?
‘’Quand le ministre de l’administration du territoire dit que les partis politiques sont créés sur la base de clans, de cercles et autres, il ne faut pas qu’il oublie que l’idée de création d’un parti politique peut partir d’un individu ou d’un groupe d’individus qui ont les mêmes affinités. C’est après qu’on élargit le concept à d’autres milieux, peut-être la famille, le village, la région et tout le pays’’, renseigne M. Zotomou.
Maintenant, poursuit-il, ‘’il faut voir à travers les gens comment les partis formés vont participer à la gestion du pays, élargir à tout le monde. Par exemple, le président de la jeunesse de notre parti est un avocat soussou. Moi, je suis de Yomou et la présidente des femmes est peule. Comment peut-on sauter sur des choses comme ça alors qu’on ne connait pas la nomenclature réelle des partis politiques. On colle à tout le monde ce genre de déclarations. Ce n’est pas du tout professionnel’’.
Source VisionGuinee.Info