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Permuter directeurs et adjoints : une recette de gouvernance faré yaré (Par Ousmane Boh Kaba)

La publication du rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) sur la gouvernance des militaires du CNRD a suscité des attentes considérables quant à une véritable refondation de la gouvernance et à une lutte contre la mal gouvernance. Cependant, la récente décision de procéder à une permutation des postes entre directeurs et adjoints au sein des organismes publics, prise en réponse au rapport, soulève des questions sur l’efficacité réelle de cette mesure.

La permutation des postes peut sembler être une action immédiate pour apporter un changement dans la gouvernance, mais elle présente plusieurs limites. Tout d’abord, elle ne fait que déplacer les individus au sein de l’appareil administratif sans s’attaquer aux problèmes structurels et systémiques qui ont contribué à la mauvaise gouvernance. Les mêmes problèmes peuvent persister, car les individus qui ont été impliqués dans des pratiques répréhensibles peuvent simplement occuper de nouveaux postes. Est-ce que simplement changer les joueurs d’une équipe de football sans examiner les tactiques, les stratégies et les entraînements permettra d’améliorer les performances de l’équipe ?

La permutation des postes peut également donner l’impression de favoriser le népotisme ou le favoritisme, car elle peut être perçue comme une répartition de postes entre des personnes déjà connectées au pouvoir. Cette perception peut miner la confiance du public dans la volonté réelle des autorités de lutter contre la corruption et d’établir une gouvernance transparente et responsable. Cela peut être comparé à une situation où les places assises dans une salle de classe sont simplement échangées entre les élèves, sans tenir compte de leurs capacités et de leurs compétences individuelles. Dans un tel cas, les élèves qui étaient déjà en tête de classe continueront de bénéficier d’avantages, tandis que ceux qui avaient besoin de soutien ou qui méritaient une promotion seront laissés pour compte. Cette approche risque de perpétuer les inégalités et d’empêcher une réelle amélioration de la performance globale de la classe.

La permutation des postes ne prend pas en compte les compétences et l’expérience spécifiques requises pour chaque poste. Chaque rôle dans une organisation nécessite des connaissances spécialisées et des compétences particulières. En transférant simplement des individus d’un poste à un autre, on risque de placer des personnes peu qualifiées dans des postes clés, compromettant ainsi la performance et l’efficacité des organismes publics. Cela peut être comparé à un orchestre où les musiciens échangent leurs instruments sans tenir compte de leur compétence réelle dans chaque domaine musical. Est-ce que cela aboutirait à une harmonie musicale ou à une cacophonie ?

Pour une véritable refondation de la gouvernance, il est crucial de mettre en place des mesures complémentaires. Cela pourrait inclure la mise en œuvre de réformes institutionnelles pour renforcer les mécanismes de contrôle, la promotion de la transparence et de la reddition de comptes, ainsi que la lutte contre la corruption de manière proactive. Des processus de recrutement basés sur le mérite et des critères clairs de qualification devraient également être mis en place pour éviter les nominations basées sur des relations personnelles.

En outre, l’un des problèmes mis en évidence par le rapport de l’IGE est la présence de faux diplômes au sein de certaines entités publiques. Les faux diplômes représentent une grave atteinte à l’intégrité et à la crédibilité des institutions, car ils permettent à des individus non qualifiés d’occuper des postes clés. Cela peut être comparé à une recette de cuisine où un ingrédient essentiel est remplacé par un substitut de qualité inférieure. C’est comme préparer le tô sans le gombo… Peu importe les compétences culinaires du chef, le résultat final sera compromis… du tô faré yaré. De la même manière, la présence de faux diplômes dans la gouvernance publique met en péril la qualité des décisions prises et des actions entreprises. La permutation des postes seule ne résoudra pas ce problème fondamental, et des mesures strictes de vérification des qualifications et de sanctions contre les fraudeurs doivent être mises en place pour garantir l’intégrité des institutions et la confiance du public.

Alors que la permutation des postes peut être perçue comme une réponse immédiate aux problèmes de gouvernance révélés par l’IGE, il est essentiel de se poser des questions sur son efficacité réelle et son adéquation pour une refondation de la gouvernance. Des mesures complémentaires, basées sur une réflexion approfondie, pourraient être nécessaires pour renforcer les institutions, promouvoir la transparence et la responsabilité, lutter contre la corruption, et garantir l’intégrité des qualifications. La confiance du public dans les efforts de réforme nécessite une évaluation critique des approches adoptées et une réflexion sur les actions nécessaires pour un véritable changement.

 

Ousmane Boh Kaba

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