L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée tire plusieurs enseignements du verdict rendu par le tribunal criminel de Dixinn dans le procès relatif aux événements douloureux du 28 septembre. Mohamed Traoré assure que la condamnation de l’ancien président Dadis, le colonel Tiegboro Camara, le commandant Toumba et autres prouve à suffisance qu’aucun dirigeant ne sera toléré pour les crimes commis pendant sa gouvernance.
Reconnus coupables de crimes contre l’humanité du fait de leurs responsabilités de commandement, le TPI de Dixinn, le capitaine Dadis Camara et le colonel Tiegboro Camara ont été condamnés à une peine de 20 ans d’emprisonnement chacun et le commandant Aboubacar Diakité alias Toumba s’en est sorti avec àmm 10 ans de prison.
Un verdict qui n’a pas tardé à susciter des réactions. L’avocat Mohamed Traoré livre ses observations. ‘’Il faut admettre que ce procès n’a pas permis d’éclaircir un certain nombre d’éléments’’, regrette-t-il.
Ce membre du CNT salue la tenue de ce procès, même s’il s’interroge sur les raisons profondes qui ont sous-tendu la démarche des autorités de la transition. ‘’Ont-elles voulu à travers ce procès sonné le glas de l’impunité ? Ont-elles cherché tout simplement à polir leur image auprès de la communauté internationale et à séduire celle-ci après le coup d’État du 5 septembre 2021’’, se demande-t-il rappelant que ‘’le président Alpha Condé n’avait pas fait montre de bonne volonté au sujet de l’organisation de ce procès’’.
Mohamed Traoré assure que de nombreux enseignements peuvent être tirés de ce procès. ‘’Le principal est que, aujourd’hui plus qu’hier et demain plus qu’aujourd’hui, l’impunité n’est et ne sera garantie à aucun dirigeant. Pendant 11 ans, le Président Alpha Condé a relégué au second plan ce dossier. Interrogé sur le retard dans l’organisation du procès dit du ‘28-septembre’, il avait déclaré que sa priorité était de donner de l’eau et de l’électricité aux guinéens’’, indique-t-il.
Et puisque, ajoute Me Traoré, ‘’à travers la qualification de crimes contre l’humanité, il est possible d’atteindre d’autres sujets pénaux même si les auteurs matériels des infractions ne sont pas identifiés ou ne sont pas identifiables, c’est un grand espoir pour toutes les victimes de crimes d’État, un signal fort et un avertissement sans équivoque pour tous les dirigeants. Même si on peut avoir parfois des raisons – fondées ou non – de douter que ce soit l’objectif premier de la débauche d’énergie constatée dans la tenue du procès’’.
Source VisionGuinee.Info