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Lettre ouverte au général Doumbouya : ‘’le peuple que vous avez vu dans les rues le 5 septembre ne vous porte plus dans son cœur’’

Excellence Monsieur le Président de la Transition
Chef de l’Etat
Commandant en chef des forces armées Guinéennes
Général Mamadi Doumbouya

Je vous écris cette lettre ouverte en ma qualité de citoyen guinéen soucieux de la paix, de la stabilité, de la quiétude sociale si cher aux Guinéens. Je vous écris surtout à cause du souci pour le devenir de la Guinée en général et de votre sort après votre séjour au palais Sékhoutoureya en particulier.

Général Doumbouya,

Je ne dirai peut-être rien de nouveau ici. Je ne fais que rappeler, comme beaucoup de nos compatriotes, sincères ou non, l’ont déjà fait de par le passé. Les Guinéens sont un peuple assez singulier, un peuple croyant, résilient, fort et fier. Son histoire est pleine de hauts faits qui témoignent de ces qualificatifs. En dépit des turpitudes, des rudes épreuves et même des contraintes qu’il a vécues parfois, il se relève toujours de ses cendres, tel un phœnix.

Mon général,

Ce n’est pas tout. Le peuple de Guinée tient à l’honneur, à la dignité et met un accent particulier sur le sens et le respect de la parole donnée. Ce sont les qualités les mieux partagées chez nos compatriotes. Tous les Guinéens, quelles que soient leurs origines, leurs croyances, leurs orientations politiques et philosophiques considèrent ces vertus comme cardinales. Comme vous l’avez si bien constaté, il plie souvent, mais ne rompt jamais. Il a gagné toutes les guerres qu’il a menées !

Général Doumbouya

Parmi les 13 millions et demi de Guinéens, vous avez des amis mais aussi des ennemis, comme tout le monde. Faites très attention pour ne pas les confondre. Ils sont si nombreux, si proches de vous et si entremêlés qu’il vous sera très difficile de faire la différence, surtout en ces moments où vous faites face à des choix historiques et donc déterminants pour vous-mêmes, votre famille, vos collègues et le peuple tout entier. Vous pouvez bien prendre vos amis pour des ennemis et vos pires ennemis pour des amis. C’est la plus grosse erreur que vous commettrez et que vous regretterez pour le reste de votre existence. Je ne souhaite pas pour vous.

Ceux qui vous observent de loin et qui n’ont pas des intérêts directs à protéger ou à défendre peuvent être plus honnêtes et plus sincères que vos proches conseillers qui vous font croire qu’ils vous aiment plus que vous-même.

Général Doumbouya

Ils ne vous aiment pas et ne vous aimeront pas. Je ne voulais pas être si brutal mais la situation m’oblige. Ils vous quitteront tous le moment venu. Je ne vous le souhaite pas. Vous trouverez mes mots trop crus mais sachez que c’est la situation actuelle et sachez surtout ce que les uns et les autres tirent comme profits qui justifient la plupart de ce que vous pouvez aujourd’hui considérer comme des sentiments. Les exemples, les illustrations foisonnent autour de vous. Il suffit de vous arrêter un peu et d’observer pour vous en rendre compte.

Demandez à ceux qui étaient à votre place ce que sont devenus leurs inconditionnels d’hier. Certains d’entre eux sont heureusement en vie et sont accessibles.

Général Doumbouya

Je ne sais ce que cela me coutera, mais je vous assure que le peuple que vous avez vu dans les rues de Conakry le 5 septembre ne vous porte plus dans son cœur, contrairement à ce que certains de vos conseillers vous font croire. Vous avez certes libéré un peuple à bout de souffle ce jour, il a respiré un moment, il a espéré, mais il n’a pas été dupe. Après observation et analyse de vos paroles, de vos faits et gestes depuis la prise du pouvoir, les guinéens ont pris clairement position face à ce qu’ils considèrent comme une trahison de votre part.

Mon général

Que vos réalisations ne vous trompent pas. Que les promesses de fidélité, de solidarité, toute cette musique mielleuse qu’on vous fait écouter de jour et de nuit ne vous détournent pas de l’essentiel. Vos amis qui ont pensé et rédigé votre discours de New York sont parmi vos pires ennemis. Ils avaient espéré que cet appel ferait leur affaire, mais les Guinéens ne sont jamais pressés. Ils sont très patients. Ils sont même trop patients parfois mais attention !

Permettez-moi de vous dire que ce n’est pas gagné à l’avance mon général. Prenez vos dispositions pendant qu’il est encore temps. Ceux qui vous ont promis une démocratie à la Guinéenne n’ont pas suffisamment réfléchi. Je suis désolé de vous le dire, mais ils n’ont ni l’intelligence, ni les connaissances encore moins le patriotisme et les moyens matériels et humains pour mener à bien l’ambition dont ils vous font porter la paternité. Ce n’est aucunement un manque de respect ou d’estime pour vous mon général.

Général Doumbouya

Je ne saurai terminer cette lettre sans vous dire que tout n’est pas perdu. Je vous dirai même que rien n’est perdu si vous vous rendez à l’évidence maintenant, si vous écoutez les cris de cœurs de vos compatriotes pendant que l’eau n’arrive encore qu’aux genoux.

Il s’agit clairement pour vous de choisir entre le sort du général Sékouba Konaté et celui du capitaine Moussa Dadis Camara. Il vous reste encore quelques mois pour le faire. Le temps, comme vos compatriotes peut être votre meilleur allié si vous l’utilisez à bon escient ou votre pire ennemi si vous restez dans votre palais en écoutant ceux qui vous font croire que vous êtes irremplaçable, que vous êtes la seule personne capable de gouverner ce pays. Souffrez d’écouter les guinéens qui ne pensent pas comme vous. Souffrez d’écouter et entendre ce qui ne vous plait pas.

On dit que la plupart des opportunités se présentent comme des obstacles déguisés mais sachez aussi que la plupart des remèdes sont généralement très amères. Les patients ne les prennent pas de gaité de cœur mais ils remercient le médecin qu’ils insultaient, le médecin qu’ils n’aiment pas voir lorsqu’ils guérissent. Entre deux maux, il faut choisir le moindre. C’est la devise des hommes, dit-on.

Je vous prie de croire, mon général, à l’expression de ma profonde gratitude pour l’acte héroïque et patriotique du 05 septembre et espère vous voir reculer pour mieux sauter. J’espère vous voir organiser des élections libres, inclusives, transparentes et acceptées de tous pour sauver la Guinée, les Guinéens et surtout vous et vos proches.

Avec mes meilleures salutations

Boubacar Dieng
Citoyen guinéen

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