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Le parti NFD affute ses armes face à la junte : ‘’Au lendemain du 31 décembre 2024, nous exigerons le départ du général Doumbouya…’’

L’accord conclu entre le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) prévoit la fin de la transition au 31 décembre 2024. Les autorités multiplient les sorties médiatiques pour annoncer que le référendum constitutionnel sera organisé d’ici la fin de l’année. La formation politique Nouvelles forces démocratiques (NFD) n’entend pas rester les bras croisés.

Notre rédaction s’est entretenue avec Daouda Diallo, secrétaire administratif des NFD, sur l’actualité nationale. Lisez…

VisionGuinee : Quelle lecture faites-vous de la gestion de la transition par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ?

Daouda Diallo : L’hubris des membres de la junte a conduit à des décisions imprudentes, éloignant le gouvernement des préoccupations réelles des citoyens. Les Guinéens sont plus que jamais désireux de voir leur pays ancré définitivement dans la démocratie et sur le chemin du progrès économique et social. La seule demande du peuple de Guinée, adressée au CNRD, est le retour rapide à l’ordre constitutionnel par l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes. Mais la junte se distingue par un matamore bruyant et une phobie des mobilisations de masse. Ce qui la rend sourde à toute critique.

Près de trois après la chute régime d’Alpha Condé, quel bilan dressez-vous de la transition en cours ?

Le seul bilan que le CNRD a actuellement à son actif est de s’être distingué comme un régime totalitaire, allergique à l’exercice des droits fondamentaux ainsi que des libertés individuelles et collectives. La promesse d’une justice comme boussole de la transition s’est transformée en une boulimie de pouvoir.

La junte doit comprendre que lorsqu’on est investi de la puissance publique, on doit faire preuve de lucidité et prendre de la hauteur. La volonté du peuple fait loi à tous points de vue.

Le CNRD est devenu, en plus de son illégalité, un régime arrogant et insensible à la souffrance des Guinéens. Aujourd’hui, partout en Guinée, les cris désespérés de nos compatriotes sont volontairement ignorés par la junte.

Leur bilan catastrophique se résume en trois points. Premièrement, le cynisme illustré par la cinquantaine d’assassinat depuis l’arrivée au pouvoir de Mamadi Doumbouya.

Deuxièmement, un climat politique répressif. Au lieu de favoriser l’inclusion et le dialogue, la junte au pouvoir semble s’être enfermée dans une logique de répression. Les libertés fondamentales sont constamment bafouées, les voix dissidentes sont réduites au silence, et l’espace politique est de plus en plus restreint. Nous assistons à la persécution de la presse, des leaders politiques et de la société civile, avec des arrestations arbitraires et une instrumentalisation de la justice pour étouffer toute opposition.

Troisièmement, une situation économique dégradée. Les espoirs suscités par les promesses de prise de pouvoir, communes à tous les coups d’État, se sont dissipés, laissant place à une gestion chaotique et à des politiques économiques erratiques. Le chômage est en hausse, les investissements étrangers se font rares, et la pauvreté continue de s’aggraver. La population guinéenne, déjà éprouvée, est aujourd’hui plongée dans une crise sans précédent.

Nombreux sont nos compatriotes qui n’ont plus confiance en la capacité de l’État à leur garantir de meilleures conditions de vie.

Selon l’accord conclu avec la CEDEAO, la transition doit prendre fin en décembre 2024. A votre avis, la date sera-t-elle tenable ?

Je pense que la junte n’a aucune volonté de travailler au retour au pouvoir de dirigeants démocratiquement élus. Depuis le début, la transition a été marquée par une absence de planification concertée, claire et transparente. Nous avons vu des annonces vagues, des promesses non tenues, et une gestion arbitraire des affaires de l’État. Cette absence de vision à long terme plonge le pays dans une incertitude permanente.

La tenabilité ou l’intenabilité de cette date butoir doit être discutée avec l’ensemble des forces politiques et sociales, mais il est évident que nous ne sommes pas dans cette optique actuellement.

A vos yeux, les conditions pour un retour à l’ordre constitutionnel sont-elles réunies ?

La loi fondamentale est l’élément central, à l’échelle nationale, du droit primaire capable de garantir le bon exercice du jeu démocratique. C’est pourquoi je salue la publication par le CNT de l’avant-projet de nouvelle constitution, un élément clé du processus de retour à l’ordre constitutionnel. Au demeurant, je pense que certains membres des forces vives ont manqué de discernement en rejetant de façon systématique l’avant-projet de nouvelle constitution à travers le communiqué du 30 juillet 2024.

C’est une position que le parti NFD ne partage pas, car nous estimons qu’elle est contradictoire avec les revendications des Forces Vives. On ne peut pas exiger un retour rapide à l’ordre constitutionnel et rejeter le premier constituant de ce processus. Bien que NFD salue ce travail du CNT, nous dénonçons l’absence de concertation avec la classe politique à laquelle s’identifie une majorité suffisante de Guinéens.

En outre, nous trouvons que certaines dispositions sont abracadabrantes, notamment celle de la mise en place du Sénat qui, en réalité, n’est qu’une institution de recyclage servant à garantir une retraite politique luxueuse à une élite corrompue et ayant contribué à agenouiller le pays.

Comme vous le savez, le processus de décentralisation n’est pas suffisamment abouti en Guinée. Les conseils régionaux n’ont jamais été constitués conformément aux exigences légales. Les communes ont souffert de dysfonctionnements depuis leurs élections, et les compétences transférées aux collectivités n’ont jamais été effectives. Quel est donc l’intérêt de mettre en place un Sénat qui ne sera qu’une chambre de résonance chargée d’avaliser tous les caprices du Président dans un pays où le pouvoir est déjà hyper-présidentialisé, avec une inféodation de toutes les institutions, y compris l’Assemblée nationale et la Justice ?

De plus, l’article 110 de l’avant-projet prévoit qu’un tiers des sénateurs est choisi par le Président de la République. Cela signifie que si son parti arrive en tête aux élections locales, il pourrait détenir plus de 60 % de cette chambre du Parlement. Cela ne fera que renforcer dangereusement les pouvoirs du Président, qui sont déjà beaucoup trop étendus.

Les Forces vives de Guinée menacent de ne pas reconnaitre la CNRD après le 31 décembre. Votre parti, NFD, partage-t-il cette position ?

C’est une position totalement partagée par le parti NFD qui, je le rappelle, est membre actif du Forum des Forces Vives.

Au lendemain du 31 décembre 2024, nous exigerons le départ du général Mamadi Doumbouya à la tête de la transition et la nomination d’un Président et un gouvernement de consensus politique.

M. Diallo, que proposez-vous concrètement pour assurer une transition pacifique et réussie dans notre pays ?

Notre proposition reste celle que nous avons toujours défendue. Nous appelons à un dialogue national inclusif dont les termes et le cadre sont définis de concert avec les forces politiques et sociales. Nous conseillons au CNRD de mettre fin aux persécutions et de libérer sans condition les membres des forces vives kidnappés par leurs soins, que sont Foniké Mengué et Billo Bah.

Si la junte ne revient pas à la raison, conformément à sa charte, nous userons de tous les moyens légaux à notre disposition pour la faire quitter le pouvoir, car une gouvernance basée sur les humeurs et la peur est le propre d’un régime en décadence, et cela conduit souvent au chaos.

A présent, comment votre parti prépare-t-il l’après-transition ?

Le parti NFD travaille à proposer des solutions pratiques susceptibles d’améliorer les conditions de vie des Guinéens dans le cadre d’un projet de société qui décline un programme de gouvernance adapté et transformateur. Un comité a été institué sous le leadership du Président Mouctar DIALLO (PhD), président de NFD, pour élaborer notre modèle de gouvernance une fois au pouvoir. J’ai le privilège et l’ultime responsabilité de présider la commission en charge de redéfinir notre vision politique pour la Guinée.

Nous réfléchissons sur de nombreux points, tels que l’emploi des jeunes, les infrastructures, l’éducation et la formation, la santé, etc. L’accent est mis surtout sur l’effort de financement interne des politiques publiques, grâce à la définition d’une politique fiscale adaptée qui permettra de mobiliser suffisamment de recettes en exploitant toutes les opportunités offertes par la digitalisation pour enrayer les déperditions fiscales. Nous allons construire la Guinée moderne de demain avec la contribution de tous les Guinéens, tant en Guinée que dans la diaspora.

Source VisionGuinee.Info

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