La Journée mondiale de la radio, célébrée ce 13 février, intervient dans un contexte particulier en Guinée. Depuis le 22 mai 2024, trois grandes radios privées du pays – Djoma FM, Espace FM et FIM FM – ainsi que leurs relais en région, restent fermés sur décision des autorités. Une situation qui a mis des centaines d’employés au chômage et relancé le débat sur la liberté d’expression dans le pays.
Une décision aux conséquences multiples
L’interruption de ces médias, connus pour leur ligne éditoriale critique envers le pouvoir, a suscité de nombreuses réactions. Les autorités ont justifié ces fermetures par des raisons administratives et sécuritaires, mais les associations de presse et les organisations de défense des droits humains y voient une atteinte à la liberté de la presse.
« Ces fermetures privent une grande partie de la population de sources d’information indépendantes », déplore un responsable d’une organisation de la société civile. Pour lui, la diversité médiatique est essentielle dans un pays où la radio reste le principal canal d’information, notamment en zone rurale.
Un climat de tensions entre médias et pouvoir
Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre les autorités et la presse privée en Guinée. Ces dernières années, plusieurs journalistes ont été convoqués par la justice ou ont fait l’objet de restrictions dans l’exercice de leur métier. La Haute Autorité de la Communication (HAC), régulateur des médias, a de son côté réaffirmé son rôle dans l’encadrement du secteur, tout en appelant les acteurs à respecter la loi.
Du côté du gouvernement, on assure que ces décisions ne visent pas à museler la presse, mais à faire respecter les règles en vigueur. « Il ne s’agit pas d’entraver la liberté d’expression, mais de garantir que les médias opèrent dans un cadre légal », explique un responsable gouvernemental.
Quel avenir pour la presse en Guinée ?
Alors que le pays célèbre la Journée mondiale de la radio, les professionnels du secteur s’interrogent sur l’avenir du paysage médiatique guinéen. La fermeture prolongée de ces radios laisse planer une incertitude quant à la diversité des opinions et la place du débat public dans le pays.
Les associations de presse continuent de plaider pour une réouverture et un dialogue avec les autorités, estimant que la liberté de la presse est un pilier fondamental de la démocratie. À l’international, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont également appelé à une levée des restrictions sur les médias en Guinée.
Dans ce contexte, la Journée mondiale de la radio résonne cette année comme un rappel du rôle essentiel de ce média dans l’accès à l’information et la vitalité démocratique. Reste à savoir si les autorités et les acteurs du secteur parviendront à trouver un compromis pour garantir un environnement médiatique plus apaisé.
AOD