CONAKRY- La journée du 5 septembre 2023, marquant l’an 2 de l’arrivée du CNRD au pouvoir, risque d’être mouvementée en Guinée. Et pour cause, les forces vives de Guinée décident de manifester pour disent-ils dénoncer la gestion opaque de la transition et le manque d’actions concrètes menant au retour à l’ordre constitutionnel. Que comptent faire concrètement les forces vives ce jour ? Le coordinateur national des forces sociales Abdoul Sacko explique.
AFRICAGUINEE.COM : Concrètement pourquoi vous avez décidé de manifester le 5 septembre ?
ABDOUL SACKO : C’est parce que nous estimons aujourd’hui qu’après deux ans de gestion du pays par le CNRD, les libertés étaient bafouées. Les raisons invoquées pour mener ce coup d’Etat ne sont pas tenues. Je pense qu’en deux ans, on aurait déjà fait tout ce qui est essentiel par rapport au retour à l’ordre constitutionnel. Donc au regard de cela, chaque guinéen devrait aujourd’hui en toute responsabilité évaluer et savoir où nous sommes et quels sont les impacts de cette gestion sur la vie de la nation ? Donc à notre niveau, nous avons estimé que la charte de la transition consacre la liberté. Nous usons de cette liberté pour exercer un droit.
Comment va se passer la manifestation ?
Les Forces Vices sont composées par des entités politiques et sociales responsables. Elles sont respectueuses des lois. Elles essayent du mieux que possible à s’inscrire dans la logique du respect des normes républicaines. Ceci dit, nous allons nous acquitter de notre part de responsabilité républicaine qui consiste à envoyer des courriers d’informations pour dire ‘’nous allons marcher de tel point à tel point, de telle heure à telle heure’’, nous allons nous acquitter de cela. Maintenant, il revient au CNRD de prendre de la hauteur, de savoir qu’ils ne sont pas sur un terrain conquis. Mais si toutefois on dit qu’on ne pourra pas manifester, dans ce cadre-là, je pense que l’opinion nationale et internationale saura tirer les conséquences.
Quel message lanceriez-vous à l’endroit de vos partisans ?
Au peuple de Guinée, le 5 septembre est annoncé par le CNRD comme une journée où chacun peut manifester son ressenti. Mais, nous voulons que chacun respecte les droits de l’autre, qu’on sache qu’on peut ne pas se comprendre par rapport à la gestion de la chose publique mais nous ne sommes pas des ennemis déclarés. Donc une fois encore, même si nous avons des autorités qui ne pensent ou qui n’agissent qu’en fonction de leur intérêt, en fonction de tout ce que le pouvoir leur apporte en termes de privilèges, mais c’est de dire au peuple de Guinée que chacun doit respecter les droits de l’autre.
Si certains ont le droit de dire ‘’non, nous ne sommes pas d’accord’’ que d’autres puissent avoir le droit de dire ‘’nous sommes d’accord’’. Les raisons peuvent ne pas être fondées, mais c’est un droit. Donc, que chaque guinéen manifeste son ressenti sans pour autant porter préjudices à l’autre, conformément aux conventions auxquelles notre pays a souscrit et à la charte de la transition.
Certains craignent un face à face ce jour lorsqu’on sait que les pros CNRD envisagent des actions de réjouissance. Qu’en dites-vous ?
Pour nous, ces sorties pompeuses de célébration sont un message que le CNRD envoie aux autres guinéens pour leur dire qu’ils peuvent aussi manifester leurs droits. Nous respectons cela et tout ce que nous demandons au CNRD, c’est de prendre de la hauteur, bien qu’il ne respecte rien de ses engagements. La junte doit montrer à l’opinion nationale et internationale qu’il n’y a pas deux guinéens. Donc, l’annonce de cette célébration pompeuse de soutien au CNRD est un boulevard ouvert aux autres guinéens. C’est une forme de levée systématique du fameux communiqué d’interdiction de manifestation, c’est aussi simple
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