J’emprunte l’expression « Le dernier des Mohicans », qui fait office de titre de mon texte, à un célèbre roman de la littérature américaine du XIXème siècle. Plusieurs fois porté à l’écran, le roman retrace un combat épique entre Magua, un guerrier de la tribu indienne des Hurons, et Uncas, le dernier des Mohicans, devenue une expression courante qui désigne ceux qui osent porter une cause alors même qu’elle semble perdue.
Ceci pour faire observer tout simplement que toute la vie d’Elhadj Ousmane Baldé aura été un engagement sans discontinuité jusqu’à son dernier souffle, une lutte pacifique permanente au service de la vérité, de la justice et au bien-être de ses compatriotes. Sa trajectoire atypique et son parcours inspirant, à chaque étape de son vécu, constituent des leçons de vie et des enseignements intarissables.
Je considère sa disparition comme la fin d’une époque et le retrait prématuré de l’espace public national d’un témoins avisé et privilégié de l’histoire de la Guinée indépendante. Cette Guinée qu’il a connue de long en large, aimée et tant servie ; il l’a vue naître, grandir avec des soubresauts et espoirs déçus. C’est le pays des rendez-vous manqués. A ce stade de mon récit, j’ose espérer que la famille avait entrepris, de son vivant, des initiatives pour lui arracher certains témoignages utiles qui enrichiront, sans doute, certains chapitres de l’histoire générale de la Guinée qui sera écrite un jour.
C’est le moment et le lieu d’adresser mes félicitations appuyées au directeur de publication du très sérieux site d’information guineematin.com, M. Nouhou Baldé pour son entretien avec le défunt que je qualifie de prémonitoire. Vous êtes une référence pour notre corporation. Absolument.
Avec cette disparition, Fatako perd une référence, Tougué une icône, le Fouta un digne fils, la Guinée un régulateur social et le monde entier, un fervent défenseur de l’Islam et de la paix.
Pour terminer, rappelons : « Toute vie humaine est une vie ». Si cette belle maxime inscrite en lettres capitales au Mémorial de l’abolition de l’esclave à Nantes et extraite du « Serment des chasseurs » proclame avec insistance l’égale dignité de la vie de tous les êtres humains, il faut aussi admettre que toutes les vies sur Terre n’ont pas le même impact. Il y a des vies qui ont plus d’impact que d’autres. De ce point de vue, il est des hommes que le Ciel nous envoie une fois par siècle. Elhadj Ousmane Baldé qui sera inhumé chez lui aujourd’hui à Fatako, est de cette race. Un symbole et modèle de vertus à tous points de vue.
Dormez en paix, cher papa et grand-père ! Mes condoléances émues à toute la famille et à la Guinée !
Par Mamadou Yaya BALDE (Journaliste politique)