Cela fait aujourd’hui 100 jours depuis que deux activistes, très critiques contre le pouvoir militaire à Conakry ont été arrêtés et déportés à un endroit inconnu jusque-là. Trois mois dix jours après, les familles et proches de Fonikè Mengué et Billo Bah n’ont aucune nouvelle d’eux. Face au silence des autorités, les défenseurs des droits de l’Homme affichent leur angoisse.
Mais où sont Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Billo Bah ? Décidemment c’est la question à laquelle on ne trouve pas de réponse. Ces deux figures de proue du Front national pour défense de la Constitution, mouvement très critique contre la junte militaire au pouvoir ont été interpellé manu militari dans la nuit du 9 juillet dernier par des hommes armés. Depuis, 100 jours se sont écoulés et l’inquiétude gagne du terrain.
Les activistes des droits de l’Homme ne savent plus sur quel saint se vouer
Pour des activistes des droits de l’Homme, la sécurité physique et la santé de ces deux membres du FNDC les tourmentent. C’est le cas de Mamadou Kaly Diallo.
« Nous sommes très inquiets par rapport au silence qui entoure la disparition forcée des citoyens guinéen, en l’occurrence messieurs Foniké Menguè et Billo Bah. Vous savez, il y avait il y a eu la sortie de Monsieur le procureur près la Cour d’appel de Conakry mais depuis sa sortie jusqu’à maintenant, on ne nous informe pas de l’évolution des enquêtes. Il n’y a aucune information judiciaire, et d’ailleurs, on a vu des autorités même banaliser ou ironiser même cette disparition forcée. Aujourd’hui, 100 jours, sans nouvelle de citoyens Guinéens qui sont des pères de famille, nous sommes encore une fois, très inquiets par rapport à leur situation, par rapport à leur sécurité, à leur santé et tout ce qui s’en suit ».
Le contenu de la Charte de la Transition foulée au sol ?
Au fil du temps, la junte qui a promis la transition la plus douce de l’histoire de la Guinée est devenue de plus en plus violente et arrogante. Conséquence, les libertés d’opinion ont pris un sérieux coup. « Nous sommes actuellement confrontés à des violations graves des droits de l’homme, il y a des restrictions des libertés d’opinion, en violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme en son article 19, mais aussi la liberté de manifestation. Bien que la charte de la Transition réitère les engagements pris à l’international en termes de protection des droits de l’homme, la charte elle-même reconnaît la jouissance de ces droits et garantit leur exercices mais la liberté de manifestation est interdite sur l’ensemble du territoire depuis l’arrivée du CNRD. Donc aujourd’hui nous assistons à cela et puis il y a des restrictions au niveau de l’espace civique donc eu égard à tout cela, on ne peut pas se réduire de nos jours de la situation ou de la santé des droits de l’homme en République de Guinée », dénonce Kaly Diallo.
En Guinée, les périodes d’exception ont déçu
Jusque-là, aucune transition n’a réussi à se défaire des dérives. Les évènements du 28 septembre 2009 avec leur cortège de morts, de disparus, de viols et de violences plus les faits similaires auxquels nous assistons actuellement sous l’ère CNRD sont une parfaite illustration, note l’activiste Kaly, aux visages crispé au moment d’en parler. « Alors vous savez que les situations d’exception ce sont des situations généralement où en République de Guinée, en tout cas des violations des droits de l’homme sont enregistrées. Durant toutes les transitions militaires et nous avons enregistré des violations des droits de l’homme. L’exemple le plus illustratif, c’est le cas des événements du 28 septembre dont nous venons de sortir même s’il faut saluer la volonté politique et le professionnalisme et qui ont caractérisé ce procès. Mais vous savez que ces événements-là aussi qualifiés de crimes contre l’humanité avait été commis, perpétrés pendant une période de transition. Donc généralement les périodes d’exceptions sont des périodes propices aux violations des droits de l’homme et vous savez, dans un état de droit, l’autorité militaire doit être soumise à l’autorité civile, c’est ça la vocation de l’État de droit. Et l’État de droit, c’est cet État qui est fondé sur le droit et qui est respectueux des droits de l’Homme. Un État dans lequel les droits de chaque citoyen sont garantis et protégés et tant que les citoyens ne faillissent pas à la loi, ils sont protégés. Quand il faillissent aussi l’État à l’obligation de respecter les règles et les procédures afin de les traduire devant les tribunaux compétents ».
Malgré les multiples dénonciations des ONG nationales et institutions internationales, la junte militaire au pouvoir, fait la sourde oreille au sujet du cas de Fonikè Menguè et Billo Bah. Et bien d’autres cas de disparitions d’ailleurs.
AOD